Accompagner l’enfant :

Dans la découverte des morceaux

Du lait aux morceaux : un apprentissage progressif

Le passage de l’alimentation lactée à celle avec des morceaux est une étape clé du développement de l’enfant. Elle implique une évolution de la manière dont il gère les aliments dans sa bouche.

D’abord basé sur la succion, l’aliment devient ensuite un objet à mordre, mâcher, écraser, ce qui demande une coordination fine entre la langue, les gencives, les lèvres, les joues et la mâchoire.

Avant de parvenir à une mastication efficace, l’enfant traverse plusieurs étapes intermédiaires :

Etapes intermédiaires avant la mastication

• Accepter des textures variées : plus ou moins lisses, granuleuses, pâteuses ou épaisses.

• Mordre dans des aliments durs (ex. : un boudoir).

• Ecraser des aliments mous entre la langue et le palais ou les gencives.

Ces expériences préparent la bouche à intégrer les mouvements de mastication, nécessaires à la gestion des morceaux.

Tous les morceaux ne se valent pas

Il est important de différencier les morceaux selon leur complexité :

• Morceaux tendres (plus faciles à mastiquer) :

o Légumes bien cuits

o Fruits mûrs

o Pâtes ou riz très cuits

• Morceaux plus complexes (demande une mastication soutenue) :

o Viande o Pommes ou carottes crues

o Aliments durs et fibreux 

Pourquoi mon enfant refuse les morceaux ?

Un refus des morceaux n’est pas un « caprice ». Il peut avoir plusieurs causes :

1. Causes sensorielles

L’enfant peut être hypersensible aux textures.

Sa bouche, habituée à des purées lisses, réagit aux éléments nouveaux (grumeaux, irrégularités). Il développe alors une aversion ou une réaction défensive face à ces sensations inhabituelles.

Que faire ?

• Laisser l’enfant explorer avec ses sens (vue, odorat, toucher).

• Proposer des ateliers de cuisine ou de pâtisserie pour anticiper et reconnaître les aliments.

• Introduire progressivement de nouvelles textures.

2. Causes oro-motrices

La gestion des morceaux nécessite des capacités motrices fines.

L’enfant peut ne pas encore :

• Mordre ou croquer efficacement

• Réduire l’aliment en bouillie

• Regrouper les morceaux avec sa langue

Cela peut le décourager, voire le mettre en échec, surtout si des morceaux sont cachés dans ses purées.

Astuce :

Evitez les « doubles textures » (purée avec morceaux, biscuits avec pépites) qui peuvent perturber l’enfant.

3. Causes motrices posturales

La posture joue un rôle clé :

• L’enfant doit être confortablement installé, les pieds posés au sol ou sur un repose-pied.

• Il doit être bien calé, les bras libres, la table à hauteur des coudes. Moins l’enfant porte la tétine, plus sa bouche est disponible pour s’exercer à la mastication.

4. Causes organiques ou médicales

Si l’enfant associe les repas à des douleurs digestives ou s’il présente un reflux, des aphtes, des otites fréquentes, il peut refuser de manger, et notamment les morceaux, plus complexes à gérer. 

Dans ce cas :

• Consultez votre médecin traitant.

• Un orthophoniste peut accompagner l’enfant à mieux gérer sa prise alimentaire et lui redonner du plaisir à manger.

Quand faut-il s’inquiéter ?

La période entre 8 et 15 mois est une fenêtre sensible pour introduire les morceaux.

C’est à ce moment-là que les professionnels peuvent détecter un trouble de l’oralité alimentaire.

Au-delà de 18 mois, l’enfant entre souvent dans une phase d’opposition. Il peut refuser certains aliments pour exprimer son autonomie, même sans difficultés motrices ou sensorielles.

Conseils pour les parents

• Proposez un environnement calme, bienveillant et sans pression.

• Variez les textures, les présentations et les contextes : pique-niques, repas partagés, …

• Adaptez les aliments à ses capacités, et encouragez-le avec patience et respect.

• Valorisez les essais, même s’ils ne sont pas toujours concluants.

• Maintenez une posture d’observation attentive pour repérer d’éventuelles difficultés durables.

En cas de doute N’hésitez pas à :

• Echanger avec les professionnels de la petite enfance qui accompagnent votre enfant.

• Consulter un professionnel de santé (médecin, orthophoniste, pédiatre) en cas de refus prolongé, de troubles digestifs, ou de rejet systématique des morceaux.